9 avril 2021
Myélome Canada a examiné les plus récentes déclarations du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI)
Compte tenu des limites prévues d’approvisionnement en vaccins au Canada, le CCNI a publié des recommandations visant l’optimisation de leur déploiement qui auront une incidence directe sur les personnes immunosupprimées et, donc, sur les patients atteints d’un myélome multiple. Dans sa déclaration du 7 avril, le CCNI a recommandé un intervalle plus long (jusqu’à quatre mois) entre l’administration de la première et de la deuxième dose des vaccins contre la COVID-19. Selon le CCNI, en administrant une première dose à tous les groupes admissibles avant que la deuxième dose ne soit disponible, un plus grand nombre de personnes acquerront plus rapidement un certain degré de protection contre la COVID-19.
Mais cela est problématique, car les seules données dont nous disposons sur l’efficacité des vaccins à ARNm sont issues de recherches menées sur un intervalle de trois mois entre les deux doses. Les recommandations émises par le CCNI concernant l’utilisation des vaccins contre la COVID-19 vont à l’encontre de celles des fabricants, ce qui est particulièrement préoccupant pour les groupes qui avaient été exclus des essais cliniques de vaccination et au sujet desquels il y a peu de données (comme les patients atteints d’un cancer). De même, dans le contexte des nouveaux variants plus virulents du SRAS-CoV-2, contre lesquels les vaccins n’ont pas encore été mis à l’essai, les données disponibles ne sont pas suffisantes pour valider un intervalle plus long entre les deux doses pour l’ensemble de la population canadienne.
Contrairement aux communiqués précédents du CCNI, cette déclaration reconnaît l’existence de recherches préliminaires sur les effets d’un intervalle plus long entre les doses de vaccin sur certaines populations, telles que les personnes immunosupprimées, les personnes âgées et les patients atteints d’un cancer, des groupes déjà extrêmement vulnérables à une infection de la COVID-19. Une étude britannique (toujours en attente d’être évaluée par les pairs) a montré que la réponse immunitaire des patients atteints d’un cancer à la première dose du vaccin Pfizer-BioTech était beaucoup plus faible (39 %) que la réponse immunitaire enregistrée chez les personnes en bonne santé (97 %), et qu’elle était encore plus faible chez les patients atteints d’un cancer hématologique (13 %). Ces derniers sont donc largement dépourvus de protection contre l’infection par le SRAS-CoV-2. Cette étude indique également qu’une deuxième dose de vaccin, lorsqu’elle est administrée dans le délai prévu de 21 jours (3 semaines), améliore considérablement les réponses immunitaires des patients immunosupprimés et cancéreux. Cependant, sans rappel, le niveau de protection de certains patients, mesuré à 5 semaines, avait diminué. Cela souligne l’importance d’une seconde dose en temps opportun pour ces patients, qui resteront insuffisamment protégés contre l’infection au moins jusqu’à l’administration de leur seconde dose.
Cette recherche a été menée sur une très petite population et ses résultats n’ont pas encore été reproduits à plus grande échelle, ce qui pourrait expliquer pourquoi le CCNI ne semble pas la considérer comme un facteur important pour déterminer l’application générale d’un plus grand intervalle entre les doses qu’il recommande. Fait plus encourageant, le gouvernement de l’Ontario semble avoir reconnu l’importance de maintenir un intervalle d’efficacité vérifiable de trois semaines entre les doses pour les personnes immunosupprimées. Des mesures ont été prises pour rétablir l’intervalle prévu entre les deux doses pour certains de ces patients[1].
Myélome Canada continuera à travailler en faveur de changements similaires et plus poussés partout au Canada, en pressant les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral de permettre aux personnes immunosupprimées et aux patients atteints d’un cancer de recevoir leur deuxième dose de vaccin contre la COVID-19 selon la période recommandée par le fabricant. Comme toujours, notre organisme s’engage à défendre les intérêts de la communauté canadienne du myélome et, plus particulièrement, à veiller à ce que tous les intervenants soient informés des recherches émergentes sur l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 chez les personnes immunosupprimées.
[1] Incluant les receveurs de greffes d’organes solides, les receveurs de greffes de cellules souches hématopoïétiques, les personnes atteintes d’affections hématologiques malignes en cours de traitement actif et les personnes atteintes de tumeurs solides malignes non hématologiques en cours de traitement actif (les traitements actifs comprenant la chimiothérapie, les traitements ciblés, l’immunothérapie), à l’exclusion des personnes recevant uniquement une hormonothérapie ou une radiothérapie.
Sources consultées
Monin-Aldama, L. et al. (2021). Interim results of the safety and immune-efficacy of I versus 2 doses of COVID-19 vaccine BNT162b2 for cancer patients in the context of the UK vaccine priority guidelines. MedRxiv. Disponible au : https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.03.17.21253131v1 (Consulté le 8 avril 2021)
Comité consultatif national de l’immunisation (2021). Allongement des intervalles entre les doses des vaccins contre la COVID-19 pour optimiser les campagnes de vaccination précoces et la protection des populations au Canada dans le contexte d’un approvisionnement limité en vaccins, Déclaration du Comité consultatif. (Consulté le 8 avril 2021)
Comité consultatif national de l’immunisation (2021). Résumé de la déclaration sur l’allongement des intervalles entre les doses du 7 avril 2021. Aperçu de la mise à jour (consulté le 8 avril 2021)